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Portrait d’un artiste raté

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Portrait d’un artiste raté

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Portrait d’un artiste raté

Représentations

Théâtre du Grand Rond Toulouse (31)
Ma rencontre avec Loïc

Chambéry, mars 2022.

Le metteur en scène de théâtre documentaire Mohamed El Khatib nous demande cinq minutes de mise en scène sur la rencontre. Nous sommes une douzaine de metteuses.eurs en scène au chômage en stage au théâtre Malraux de Chambéry, financé.e.s par l’AFDAS. Un lâché de chômeuses.eurs à errer dans la ville à la recherche d’une rencontre. Une rencontre avec quelqu’un.e qui n’est jamais allé.e au théâtre et accepterait de venir cinq minutes sur scène avec nous. Je rate l’exercice et pond ce récit que j’espère exact, je veux dire véridique.

J’ai rencontré le Père Loïc hier après-midi.
Il avait accepté tout de suite l’idée.

On s’est rencontré hier, il tenait une permanence à la Cathédrale de Chambéry de 16h à 17h,
il est arrivé en retard, je l’ai fait demander, une paroissienne lui a écrit,
ça s’est amorcé un peu comme un rendez-vous.
Il est venu vers moi,
il m’a proposé de s’asseoir dans les travées de la Cathédrale,
côte à côte [placer une chaise de trop],
des fois nous nous retournions vers l’autre [regard et orientation du corps]

Je lui ai soumis la question de départ de Mohamed : « En fait, on fait le même métier ! »
en la reformulant un peu.
Il est enclin.

J’essaye d’être le plus factuel possible, c’est hyper dur mais j’épure,
j’ai enlevé le récit des mes aventures en slip de bain à la piscine à la recherche d’autres personnes en slip de bain qui ne seraient jamais allées au théâtre, ça aurait fait des costumes tout trouvés…
Non j’épure,
du coup [vers Camille] : Camille, j’ai plus besoin que tu me rejoignes en slip à la fin de cette lecture.

Non, j’ai rencontré Loïc,
je travaille sur l’épure avec Mohamed,
sur l’ascèse avec Loïc.

Au début Loïc parle beaucoup de vibration.
Trois chanteuses répètent des chants russes au petite orgue sous une alcôve,
il y a très peu de touristes,
une femme tout du long en prière.

Je trouve Loïc touchant.
Je trouve Loïc jeune, humble.
Je trouve Loïc très religieux.

Il parle de sa vibration, sa façon de pouvoir faire passer quelque chose,
Il dit qu’il a vu une pièce de théâtre chrétienne, où l’une des actrices n’était pas chrétienne et que des fois ça se voit. Donc que des fois, il y a des trucs qu’il faut avoir vécu pour bien jouer.

Au séminaire, l’une des quatre voies de la Création à travailler, c’était la voie de la création artistique alors ils sortaient à l’Opéra (j’ai rencontré des lycéen.ne.s aux abords du théâtre de Chambé qui n’étaient jamais allé.e.s au théâtre mais connaissaient bien l’Opéra, la boîte de nuit à côté).

Loïc s’appelle père Loïc Molina D’Aranda, mais moi je peux l’appeler Loïc.
Je me demande depuis combien de temps il s’appelle Loïc.
Il parle beaucoup du vivant.
De la Vie.
Je lui demande lui, comment il fait lui pour lire des passages à la messe, lui qui n’a pas tout vécu mais qui a besoin d’être bon.
Loïc sait prendre par la main, il me donne des exemples.
Loïc dit par exemple que Noé ce n’est pas une aventure préhistorique c’est juste une parabole mythique. En gros, Noé et le déluge, c’est Dieu qui détruit tout parce que les humains font de la merde.
Alors il y a deux manières de le voir, Noé et son Arche. Soit Dieu c’est un connard, et là moi je sers plus à rien, soit tu expliques que le déluge c’est une image du baptême en fait, c’est comme les eaux d’un grand pardon, c’est ce grand nettoyage. Et donc là c’est une proposition d’un Dieu aimant, plein d’amour. Et ça moi je le fais passer parce qu’être aimant c’est quelque chose qui me tient à cœur. Dieu c’est pas… enfin c’est de l’amour, et tu l’as au cœur. Et tu arrives à le faire passer si tu as à cœur ça, c’est comme une vibration, comme pour un acteur, quelqu’un.e qui a à cœur de dire quelque chose.

Loïc en ce moment est en train de conduire une cérémonie dans sa cathédrale. Il a pas pu venir. Il préside une cérémonie de Consécration de l’Ukraine et de la Russie (la guerre vient de commencer).
Je lui ai proposé de passer plus tôt, il ne peut pas non plus, il doit s’apprêter, mettre sa robe, vérifier les accessoires, donner les consignes. Il dit: « je serais pris dans le rush de l’organisation du bordel ».
Là, il s’apprête à consacrer les deux nations pour diriger, j’imagine, une prière collective vers l’Est.

Alors que parallèlement le théâtre Malraux de Chambéry réfléchit à faire un événement pour réagir à cette actualité.

Plutôt dans la semaine, en parlant de Loïc, et avant de le rencontrer, j’ai confondu deux fois les mots église et théâtre (trois fois me corrige-t-on).
Loïc, il insiste sur une différence entre nous parce qu’au théâtre c’est pas la réalité, et lui la messe c’est la réalité. Lui, à la messe il y a pas la… la… Il cherche le mot.
Je propose : – La fiction ?
– Oui, voilà la fiction.
Je regrette de l’avoir aidé et qu’il s’en tire avec un : « À la messe il n’y a pas de fiction ».

Loïc est dans l’écoute, et me retourne mes questions.
Il me dit que la messe c’est une heure par semaine, le reste de son temps il ne fait pas ça. Il va voir des gens. Des enfants, des gens dans la merde. Il va pour écouter et ensuite ils s’organisent pour les aider matériellement.
Je lui raconte notre matinée, je lui parle de l’EPHAD (nous venons de visiter un centre d’art en EPHAD aux abords de Chambéry impulsé par le metteur en scène Mohammed El Khatib et sa compagnie), du caractère social de nos actions artistiques.

Au débrief de ma rencontre, Mohamed, ça l’intéresse l’histoire de Loïc, mais ça l’inquiète qu’il soit si jeune, si croyant.
Moi je le trouve mignon. Je suis encore sous le charme de sa timidité.
J’adore la timidité…

Non, ça je peux pas le dire, quelqu’un.e peut venir lire le reste ? Svp ? Camille ?

Camille : Moi,
comme Loïc j’imagine,
je préfère la timidité au sexe.
Du coup,
je ne sais si c’est ma sexualité ou mon christianisme que j’aimerais approfondir avec Loïc.

Merci Camille.

On conclut.
Nous posons pour une photo,
La paroissienne fait d’abord une photo de sa table,
puis de son doigt,
puis une photo flou,
puis une photo de Loïc et moi.

Note aux lectrices et aux lecteurs :
J’ai imaginé une suite, je prévois de partir à vélo, d’église en église, de questionner les prêtres encore, de développer d’autres points de ressemblance avec la mise en scène, notamment avec une nouvelle question de départ : « Vis à vis des doutes sur la valeur de l’art, ou la croyance en ce qu’on fait… comment gérez-vous la perte de la foi ? »

Merci aux personnes citées auxquelles j’ajoute les Chantiers nomades, Vassia Chavaroche, et Amandine Dziedzic.